Nos héros français

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Que mieux que, les paroles d'un pilote pour conclure ce TT 2016. Nous avons pu rencontrer les pilotes français dans les paddocks, tous nous ont raconté leur passion pour cette course hors du commun, leurs joies, mais également leur peur . La passion transcende et permet de se dépasser.

Je remets ici un post trouvé sur le site de Jean Michel Prudon (j'espère qu'il ne m'en faudra pas), mais il est primordial que le lecteur comprenne cette course pour sentir à quels points ces pilotes sont des héros.....

HERVE GANTNER NOUS DONNE SON RESSENTI DE PILOTE QUANT A CE DUR TT 2016



Hervé Gantner photo Jean Michel Prudon

Hervé Gantner (source AcidMoto.ch) qui a toujours eu une belle plume et qui a écrit 2 livres sur ses participations au TT (il a aussi roulé à la North West et à Macao) nous donne son avis sur ce dur TT 2016.

Une nouvelle édititon s'achève et même si elle a été fantastique en tout point, la mort est venue frapper encore 4 fois.
4 morts, c'est bien-sûr cruel, injuste et triste. Mais c'est à la fois beaucoup et très peu.

4 morts, ce sont des centaines de personnes qui ne reverront jamais un être aimé. Ce sont des enfants qui ne verront plus leur père, des femmes qui s'endormiront seules et en larmes pendant bien des mois. 4 morts, c'est trop. Un seul mort serait déjà trop.

Mais la mort fait partie du TT et quelque part, c'est aussi elle qui rend cette course si belle. Sans tristesse, il n'y aurait pas de bonheur.

Chaque tour, chaque séance, on sait qu'on pourrait ne pas revenir et pourtant on y va, consciemment.

Chaque jour, quand on enfile sa combinaison, on doit aussi porter notre "collier d'identification". Cette petite plaquette qui comporte notre nom, prénom et date de naissance permet aux commissaires de ne pas faire d'erreur quand il devra annoncer la triste nouvelle à la direction de course. Ce moment est toujours glauque, mais il nous rappelle aussi que nous ne sommes pas grand-chose et cette petite plaquette nous rappelle chaque jour que l'important, c'est de revenir.

Pour relativiser un peu le nombre de pilotes disparus, j'ai fait un rapide calcul et c'est assez impressionnant.

Sachez que cette année, 90'000 kilomètres ont été parcourus en course et seulement par les pilotes solos. Si on ajoute à ce chiffre les pilotes side-car et la semaine d'essai, on arrive facilement à 200'000 km parcourus pour cette seule édition 2016. 200'000 km à 200 km/h de moyenne, et 4 morts.

En comparaison, 200'000 km représentent environ 1700 Grands Prix et je suis certain que sur les 1700 derniers GP, on compte bien plus de 4 morts. Et personnellement, quand je vois qu'un petit espagnol de 24 ans perd la vie à Barcelone, sur un vrai circuit "sécurisé" tout ça parce que cela coûterait trop cher au gérant du circuit d'aménager des vrais dégagements, ça me bouffe beaucoup plus qu'un pilote qui perd la vie au TT.

La différence est que chaque pilote qui décède en course sur route est conscient des risques et comme je l'ai déjà dit, si un pilote de course sur route pouvait choisir sa mort, c'est à coup sûr au TT qu'il la voudrait.

Moi-même, j'ai vécu deux chutes au TT, dont une où j'ai vécu ce fameux moment où on a le temps de penser qu'on va mourir et qu'on a juste le temps de se dire: "Game over, désolé maman, je t'aime". J'ai eu une chance énorme, d'autres ne l'ont pas eue.

Le TT a fait environ 250 morts ces 100 dernières années, et l'Everest en a fait plus de 300 dans la même période, et dans ce chiffre, je suis sûr qu'on n'a pas compté les sherpas sous-payés, mais seulement les braves aventuriers. Je n'entends pourtant personne se plaindre de la sécurité de l'Everest et dire qu'il faudrait bannir son ascension?

Dans un sujet plus actuel, si on transpose les 200'000 km d'une année de TT en heure de football, je suis certain qu'il y a eu bien plus de 4 morts pendant ce laps de temps, que ce soit d'une crise cardiaque, des suites du dopage et des bagarres de hooligans. Doit-on aussi bannir le football?

Je préfère largement voir 4 pilotes s'en aller en exerçant leur passion que 100 personnes abattues dans un concert par des déséquilibrés armés jusqu'au cou ou même des milliers d'innocents qui sont simplement les dommages collatéraux de braves nations qui "installent la démocratie" à coup de "guerres pour la paix".

La vérité est que le TT représente un des derniers bastions de la liberté dans une société où tout est interdit, punissable, dangereux ou cancérigène.

Chaque année, quelques dizaines de pilotes ont la chance de pouvoir parcourir la piste la plus longue, technique et complète du monde. C'est un honneur attribué à peu d'élus.

Le TT, c'est comme la plus jolie fille du pays. Tu sais qu'elle est nocive pour toi, mais tu ne peux pas t'empêcher de vouloir l'embrasser.

Courir au TT, c'est aussi retrouver une île magnifique habitée par des gens fantastiques. C'est retrouver l'ambiance des paddocks à l'ancienne, un public de connaisseurs. Le TT c'est une période de deux semaines où on retrouve le respect, l'honneur, l'honnêteté et toutes les vraies valeurs qui se perdent dans notre société actuelle.

Et forcément, le TT c'est le buzz et l'adrénaline. A côté d'une traversée de Kirk Michael à 280 km/h, un saut en parachute ressemble à une partie de pétanque entre potes un lendemain de cuite.

J'y ai perdu des amis, des coéquipiers, un patron de team et ami, et aussi des autres pilotes que je n'avais jamais vus, pourtant je sais qu'aussi longtemps que je me sentirai capable de piloter une moto j'aurais envie d'y retourner.

Je n'aime pas la mort, la peur, la boule au ventre, la nausée du jour de course ou les insomnies ni les cauchemars que je faisais pendant les 6 mois qui précédaient le TT, pourtant, si demain on m'appelait, n'importe qui, en me disant: "Hey mec, j'ai un budget pour toi, on y retourne?", j'irais sans hésiter, parce que c'est un honneur de piloter le Mountain Course et que quand on a la chance de coucher avec cette jolie fille nocive, il est dur de dire non.

Le TT est une formidable leçon de vie. On apprend à chérir ce que la vie nous apporte, à être plus heureux avec moins, à relativiser les choses et surtout à moins se prendre la tête avec les choses qu'on ne peut pas changer. Après chaque TT, on est soulagé d'être en vie et pourtant on ne pense qu'à y retourner. Je crois fermement que si on y retourne, ce n'est pas juste pour le buzz, la course ou la célébrité relative, c'est simplement que cela nous apporte quelque chose n'inexplicable et d'indescriptible.

La minute d'applaudissements qu'un pilote décédé au TT reçoit est bien plus belle que n'importe quel enterrement morbide orchestré par un homme d'Église qui récitera des versets qu'il n'a pas écrit pour un homme qu'il n'a jamais connu et ce devant une famille qu'il ne reverra jamais.

Au revoir, Paul Shoesmith, Andrew Soar, Ian Bell et Dwight Beare. Vous resterez des anonymes pour une grande partie de la population, mais pour nous autres, vous resterez des héros, des gens bien ,disparus trop vite, en faisant ce que vous aimiez.
Hervé Gantner





Francky Fouet (équipage Thierry Laforest/Francky Fouet):

Que dire de ce TT 2016 !!!!
riche en émotion, car pour moi c’était mon dernier .je voulais savourer chaque moment que ce soit sur le plan sportif ou humain .
je remercie Thierry laforest le pilote de m'avoir fait confiance pour cette aventure .
un grand merci a tout le monde dans l'équipe dany, georges , malou, franck , dom,josette,vincent,chantal .....
un gros gros merci a nounours pour la mécanique sur le side ....
cool que mon daron soit la ainsi que ma chérie (qui m'a toujours soutenu dans mes conneries)......
de super bon moment dans les paddocks avec les sidecaristes français ainsi que les solos ainsi que les potes venus nous voir ou les simples touristes .
une grosse pensée pour mon pote TimoThée Monot avec un TT un peu compliqué (mais y'en aura d'autres ) .


sur le plan sportif , a chaque fois que nous avons roulé les chronos sont descendus c'est le plus important ici qu'importe la place .
un gros merci au sponsor de m'avoir permis de réaliser tout cela .
et une grosse pensée aux mecs partis cette année pour l'amour de cette course.
je ne demande à personne de comprendre ce qui nous pousse a rouler là-bas , mais je peux vous assurer qu'au niveau adrénaline ça vaut tout l'or du monde .
biz a tous et a très bientôt



Xavier Denis:


Que dire ... tout juste le temps de vous écrire un petit mot après la manche Superbike que les courses et les imprévus se sont enchaîné, et voilà le TT 2016 déjà terminé. Avant d'être à nouveau pris dans le tourbillon du quotidien (qui paraît bien morne après un TT et 35 heures éveillés), je vous livre un rapide résumé.

Quel bilan tirer de cette édition ? Pour ma part un petit goût d'inachevé subsiste ...

Abandon en Superbike dans le dernier tour pour un power commander HS,...
Pas mal de soucis gênants en Supersport1,
Moteur qui rend globalement l'âme en Superstock d'où changement en urgence pour pouvoir s'aligner pour la Senior,
Abandon en Supertwin à cause d'une erreur humaine,
Une course Senior qui aura probablement été la plus éprouvante pour moi à ce jour notamment en raison de mauvaises pressions de pneus ...
La course Supersport2 est la seule qui s'est vraiment bien passée, une arsouille mémorable durant les deux derniers tours avec Barry qui coûte cher au chrono, mais qui m'a permis d'avoir la banane pendant 120km !


Bref, pas que du bon. Mais au final, il a fait beau pendant 16 jours consécutifs hormis une petite matinée pluvieuse et ça c'est mémorable ! Et puis comme le disent si bien les sages de l'Ile de Man : "Tu es vivant et tu pourras revenir faire mieux l'année prochaine". Car malheureusement certains de nos camarades de course n'auront pas cette opportunité, et nos pensées vont à leurs familles dans ces moments difficiles...

Quoi qu'il en soit, je tenais à remercier toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans ce projet et qui nous on permit de vivre cette année encore une formidable aventure humaine, nos sponsors, nos partenaires techniques, et bien évidemment notre équipe sur place :
Jean Marc, Optimark Road Racing Team official manager sans qui rien ne serait possible,
Anaïs pour la comm et le Hello Kittty stamp book qui a fait fureur,
Isa et Paulo pour l'intendance, tâche ingrate, mais ô combien indispensable pour les trifouilleurs de moto,
Pierre et Philippe pour les vidéos et la bonne humeur même sur la bande d'arrêt d'urgence (PLM power)
Et sans oublier Rom, Cycy et mon père (chacun sur leur chouchoute dans la photo de groupe) qui on bien su s'occuper des belles, faire face aux imprévus et gérer mes humeurs et surtout mes idées à la c***

Et puis merci à vous tous qui nous soutenez, sur place, derrière votre écran de télé ou d'ordi, ou sur votre appli IOMTT live. Merci pour vos photos, vos tags et vos petits mots.

Encore une fois merci à tous, et c'est promis l'année prochaine ça ira encore plus vite






Estelle Leblond: 

Voilà un TT de plus de terminé..
Mais alors comment vous expliquer? C'est vrai, c'est tellement d'émotions divers et variées le TT que c'est difficile de mettre des mots sur tout ça..
Je vais quand même tenter..
De la joie, de retrouver mon tracé, oui le mien , celui que me fait vibrer toute l'année et que ne pointe le bout de son nez qu'une fois par an.
De l'appréhension, d' emmener un passager newcomers et de tenter de lui faire découvrir ce mythe, de lui apprendre et lui faire aimer surtout. (Well done Freddy, le contrat est remplit).
De la peur, parce que si tu n'a pas un tout petit peu peur avant de prendre le départ du TT, c'est que tu n'a pas compris ou tu est..
Du bonheur, quand mon châssis découvre le tracé défoncé du Tourist Trophy pour la première fois, parce que tu ne le sais pas mon beau, mais tu a été construit pour ça, et tu va me permettre d'être la fille la plus chanceuse et la plus vivante de toute la terre.
De la haine, de la tristesse, de la colère, de la douleur, quand je passe à côté de nos copains de piste qui se sont envolés trop tôt pour le ciel..
Les gars, je suis sûre que vous vous tirer une bourre mémorable là-haut, vous êtes et serait toujours de grands champions, je suis fière d'avoir pu admirer de près votre talent et votre humilité....
De la fierté, de voir mon papa terminer son 15 eme TT avec toujours autant d'étoiles dans les yeux!
De l'amour, que m'offre ma maman avant chaque départs par un simple regard, cet amour la il me protège de tout...ou presque...
De la passion
De l'impatience
Du bonheur
Du doute
De la reconnaissance
De l'incompréhension
De la déception
De la chance
..... Et tant d'autre choses....
Il y a aussi l'amitié, qu'elle soit virtuelle ou bien réelle, sincère, affichée ou discrète, je vous remercie tous pour vos messages, vos pensées, vos encouragements, vos visites, vos geste depuis le bord de route, vos photos...
Merci à ceux qui m'aident, me supporte, me suive, mais aussi à ceux qui ne le font pas parce que grâce à tous cela je suis ce que j'ai toujours été..
Une gosse de 12 ans qui regarde ses deux parents partir pour un tour de TT sur leur side-car et qui se fait une promesse: de le faire, un jour..
Aujourd'hui c'est fait, je suis heureuse et la seule promesse que je me fait quand je passe ce putain de damier: c'est de recommencer....
Parce que que je le veuille ou non c'est la seule chose que je sais a peut près bien faire,
et parce que c'est la seule chose que je veux faire...




Julien Toniutti:


Ca y est, je peux dire que je l'ai fait mon premier Tourist Trophy...
Et quel TT!!!
18"37 dans le 4ème tour de la dernière course "Senior TT" hier soir soit 195KM/H de moyenne sur ce meilleur tour. A seulement 1 seconde du record du tour établi il y a 2 ans par Fabrice Miguet, le pilote français le plus rapide sur l'île de Man toutes catégories confondues.
On est sorti ensemble du dernier ravitaillement et on a roulé roue dans roue pendant 60kms en se dépassant à de nombreuses reprises. Certainement le meilleur souvenir que je garderai de cette course.
Je me suis vraiment régalé et c'était extraordinaire de pouvoir réussir à suivre "Le Mig" qui est pour moi la légende Française de l'île de Man avec un peu plus de 15 participations à son actif.
Maintenant retour à une vie un peu moins rapide et un peu plus normale ou je vais profiter un peu plus de chaque instant en me sentant encore plus vivant.
Un grand merci à tous mes partenaires (et ils sont nombreux) qui ont rendu ce rêve de gosse possible alors que cela me paraissait inaccessible, à toute l'équipe du Optimark Road Racing Team pour leur accueil et leur professionnalisme, mais aussi tout particulièrement à mon mécano (Quentin Zanaboni - MG Competition qui m'a préparé 2 motos très performante et qui m'a suivi dans l'aventure pendant ces 2 semaines de courses. Il n'a pas compté ses heures pour faire en sorte que les motos soient compétitive chaque jour et je sais que je lui dois beaucoup dans les excellents résultats de ces 5 courses dont le meilleurs chrono d'un français en 600cm3 sur l'île de Man.
Une pensée particulière pour les familles et les pilotes qui sont tombés aux essais ou en courses et dont certains ont eu moins de chance que d'autres, aux deux petits bonhommes de "Shoey" que j'ai croisé sur leur vélo dans le paddock avec la gorge nouée et à celui de "Marti" pour qui j'espère que tout ira pour le mieux.
Rendez vous en Belgique du 22 au 24 juillet pour l'Open Trophy de Chimay. (à moins qu'il y ait d'autres courses sur route sympa à faire d'ici là)
Merci à tous pour vos messages et votre enthousiasme sur cette course exceptionnelle.
C'était magique, un rêve de gosse, et on l'a fait!!!!



Morgan Govignon:

Toute l'aventure et quelle aventure est à lire sur en cliquant sur le lien:

http://motoclubfleurdelys.e-monsite.com/pages/reportages/momo-au-tt-2016.html

1 commentaire :

  1. Excellents ces articles ... ça prolonge la magie ...
    Merci Patrick.
    Mais comment fais-tu pour trouver tout ça ???

    @+
    François

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